CR BRM Gillonay 200km
Avec une saison 2025 bien entamée et un temps printanier prévu, Léo et moi nous décidons à participer au Brevet des Randonneurs Mondiaux de 200km au départ de Gillonnay. Un sacré enjeu car pour lui comme pour moi, il s’agira de notre plus grande distance parcourue à vélo !
Le départ à Gillonnay étant prévu à 7h30, nous partons de Sassenage à 6h30. Dans la voiture, nous ne ressentons pas d’appréhension mais plutôt un plaisir d’anticipation et discutons encore de la manière d’aborder l’épreuve. Au détour de nos discours, je dis à Léo qu’au vu des températures quasi estivales des derniers jours, je pense qu’on devra faire tomber les manches longues assez rapidement. La suite des évènements me prouvera assez vite mon erreur...
Nous sommes sur place à 7h passées, largement à temps pour prendre la feuille de route et saluer les autres membres du club qui se lancent aussi sur le parcours. Contrairement à nous, ce sont des habitués et Robert nous lance en rigolant de faire attention car il n’y a pas de ravito sur le parcours. Ce BRM étant une première pour nous et ayant bien noté la présence de 3 contrôles sur le trajet, nous faisons fi de son avertissement et rions en retour, fous et inexpérimentés que nous sommes, pour finalement nous placer au départ.

Je pensais que nous devions nous aligner pour le départ mais finalement, il est bien moins organisé que ce que j’aurais cru. Les cyclos sont placés dans tous les sens sur la place de la mairie et par un heureux hasard, Léo et moi nous retrouvons à partir les premiers. Nous sommes vite rattrapés par un groupe de cyclistes dont les mollets sont affûtés comme des lames. Manifestement, ils ne sont pas là pour regarder le paysage. Léo paraît en grande forme et n’a aucun mal à suivre le rythme imprimé par nos compagnons. Quant à moi, j’ai le sentiment de devoir légèrement faire entorse à mon devoir de réserve et d’appuyer un peu trop sur les pédales. Je le signale à Léo et nous profitons d’une pause technique pour laisser partir le groupe des cadors.
Nous poursuivons donc à notre rythme et traversons la forêt de Bonnevaux parsemée d’étangs qui resplendissent dans la clarté de l’aube. Après Meyrieu-les-Étangs la bien nommée, la luminosité augmente mais quelques gouttes commencent à tomber. Je ne m’inquiète pas : cela ressemble à un petit crachin d’été, ce qui n’a rien de surprenant au vu des températures des jours précédents. Mais alors que nous terminons les 30 premiers kilomètres, le crachin se transforme en véritable averse. À ce moment là, le moral est encore haut et nous continuons à rouler sans nous poser de questions. Cependant, l’averse ne discontinue pas et une vingtaine de minutes plus tard, nous nous retrouvons trempés littéralement de la tête aux pieds. Et là, c’est la bascule : le vent commence à souffler et nous laisse frigorifiés sur nos vélos. Les extrémités s’engourdissent, les dents claquent, les membres tremblent. Ça devient très dur psychologiquement ; je me maudis d’avoir laissé mon coupe-vent pendu sur la patère à la maison. Mes pieds sont complètement trempés et je m’imagine même renoncer à boucler le parcours. Une seule pensée nous fait avancer : nous arrivons bientôt à Crémieu, lieu du premier contrôle. Nous nous disons que nous pourrons au moins nous abriter et nous restaurer pour nous pousser à continuer.
Arrivée à Crémieu pour les 60 km, toujours sous la pluie. Le constat est terrible et nous glace autant que l’averse elle-même : il n’y a ni ravito ni même une petite tente où des officiels contrôleraient notre feuille de route. Nous sommes seuls dans notre galère. J’admire le courage de Léo : il engloutit une compote et entame la montée vers Siccieu sans se démonter. Seul, je me serais peut-être trop interrogé et c’aurait pu être la fin du BRM pour moi. Mais en l’occurrence, je lui emboîte la roue en me disant que la montée nous réchauffera. À Siccieu, nous nous arrêtons à nouveau pour faire le point et prenons une décision cruciale pour la suite: s’il n’y a pas de ravito, nous le ferons nous même ! Nous décidons donc de nous arrêter au premier débit de boissons sur la route pour prendre un bon café chaud.
Les prochains villages sont aussi ruraux que leur nom le suggère (Charette, vraiment?) et aucun bar à l’horizon. Au moins, la pluie faiblit. L’espoir renaît lorsque nous entrons dans la commune Montalieu-Vercieu qui paraît plus animée. Nous interrogeons un homme du cru qui nous indique que le bar se trouve dans la direction opposée à notre parcours. Qu’à cela ne tienne, nous ignorons les bips de nos GPS et nous engouffrons dans le bar pour nous mettre au sec après 80km de parcours dont la moitié sous la pluie.
Je ne peux traduire par des mots à quel point cette pause est salvatrice. Non seulement nous pouvons nous réchauffer en prenant un café bien chaud et en dégustant des victuailles de la boulangerie voisine, mais le fait d’être à l’abri du vent et de la pluie, même pour dix minutes, fait également un bien fou au moral. Le temps semble aussi s’améliorer et nous voyons presque le soleil poindre à travers les nuages, tel un signe nous invitant à continuer notre périple.
Complètement ravigotés, nous enfourchons donc à nouveau nos montures. Nous retrouvons du plaisir à rouler sur ce parcours qui passe à présent entre le Rhône et les collines du bas-Bugey. Les montées s’enfilent comme des perles car très roulantes et malgré cela, je peine à rester dans la roue de Léo qui est dans une forme olympique. Les sensations sont néanmoins bonnes et le passage des 100km se fait sans inquiétude pour les 100km restants. Le soleil reste visible alors que le parcours nous fait ensuite quitter la rive du Rhône et bifurque près de Glandieu avec une montée à flanc de falaise, longée par un magnifique ruisseau avec de multiples cascades. Léo fait la montée en tête alors que je garde le nez en l’air pour profiter de la vue. Nous sommes à présent complètement secs et on se dit que le vélo, c’est finalement pas si mal.
La prochaine étape est Belley, lieu du second contrôle. Léo roule évidemment devant et imprime un rythme soutenu qui nous permet de rattraper un certain nombre de nos camarades du départ. Une fois arrivés à Belley, nous restons fidèles à notre volonté d’instaurer nos propres ravitos et faisons une halte dans un bar. Celle-ci est complètement aux antipodes de la précédente : nous prenons le soleil en terrasse en sirotant des diabolos avec glaçons ! Le départ dantesque de ce matin est bien loin et est uniquement rappelé par l’aspect « cyclo-cross » de nos vélos, maculés de sable et de terre.
Retour sur le vélo et nous arrivons à Yenne, départ de la plus grande montée du parcours qui se terminera à peu de choses près à Novalaise, lieu du 3e contrôle. La montée est moins roulante que les précédentes mais peut difficilement être qualifiée de raide. Léo, toujours en état de grâce, rattrape un groupe dont nous avons aperçu les membres le matin dans le groupe de tête. Nous restons un peu dans leurs roues mais Léo a d’autres idées en tête et part devant. On voit bien qu’il passe trop de temps avec Thierry… À ce moment là, je suis convaincu que le pire est derrière nous donc je me mets en danseuse pour le suivre et nous arrivons à Novalaise en duo. Malheureusement, nos velléités de ravito sont mises à mal par la fermeture de la boulangerie et nous nous contentons de nous ravitailler en eau à la fontaine de la place.
Nous repartons en compagnie du groupe susmentionné en direction d’Aiguebelette. À Saint Alban de Montbel, nous trouvons une boulangerie ouverte et laissons filer le groupe pour que Léo puisse satisfaire son besoin de sandwich. C’est qu’il en dépense des calories ! Une fois ravitaillés, nous repartons en duo vers des routes qui nous sont plus connues, traversant notamment les communes de Saint-Béron et de Saint-Geoire en Valdaine. Les rayons du soleil se font plus ardents et Léo se retrouve à court d’eau. Je lui passe ma deuxième gourde à peine entamée et passe devant pour le relayer sur une dizaine de kilomètres. Il a joué le rôle de l’équipier modèle aujourd’hui alors je lui dois bien ça !
Petite pause à Chirens pour que Léo termine son sandwich. J’en profite pour faire tomber le maillot manches longues après 180km, bien loin de mon pronostic de ce matin ! Le reste du parcours se déroule sans encombre : la bosse d’Apprieu est vite avalée et il ne reste qu’une longue ligne droite exposée au vent pour rejoindre Gillonnay. Léo en a évidemment encore sous la pédale et nous dépassons à nouveau quelques cyclos. J’ai le malheur de lâcher sa roue lors du dépassement d’un groupe et il devient impossible de le rattraper avec ce vent ! Plutôt que de faire le chasse-patate, je reste avec le groupe que je relaie dans les derniers kilomètres jusqu’à Gillonnay.

Je présente ma feuille de route, qui est en piteux état, pour le contrôle et constate que nous avons terminé en 8h40, pauses évidemment comprises. Je retrouve Léo déjà attablé et nous partageons notre ressenti. Nous sentons certes tous les deux des tiraillements dans les jambes mais nous sommes satisfaits de notre état de forme. Nous avons bien géré notre rythme ainsi que l’alimentation. Aucune crampe, fringale ou ennui mécanique n’est à déplorer, ce qui aurait été très compliqué à gérer sous l’averse de ce matin. Rêvant d’une douche bien chaude, nous ne nous attardons pas et reprenons la route de Sassenage, heureux d’avoir bouclé notre plus grande sortie à ce jour.
En guise de conclusion, je tiens à remercier le club qui nous pousse à nous améliorer et à nous lancer dans de tels projets alors que tout seul, je n’aurais jamais osé. Et plus particulièrement Matthieu, qui, fort de sa préparation de l’an dernier, m’a convaincu de participer à ce BRM. En effet, ce fut une excellente expérience pour nous deux qui nous a fait travailler le mental et l’endurance. Le départ chaotique fut vite oublié après la pause à Montalieu et nous avons finalement pris bien du plaisir à boucler ces 200km.
Loïc
Commentaires
1 Matthieu Le 17/04/2025
2 Jeannier Le 17/04/2025